Par Elham Zanjani
Cet article d’Elham Zanjani, de la commission des Femmes du Conseil national de la Résistance iranienne, sur le rôle des pasdaran dans la répression des femmes en Iran, a été publié dans newsblaze.com, le mardi 16 avril 2019.
Lundi dernier, les États-Unis ont annoncé qu’ils avaient inscrit le Corps des gardiens de la révolution du régime iranien (les pasdaran) sur leur liste des organisations terroristes étrangères (FTO). Cette désignation porte un coup majeur au régime des mollahs en limitant leurs actions futures. Les pasdaran sont le principal appareil de répression en Iran, en particulier des femmes, le principal moteur de la guerre et d’exportation du terrorisme, chargé de la poursuite des projets d’armes nucléaires et de missiles.
Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a affirmé que l’inscription des Gardiens de la révolution sur la liste FTO était une juste revendication de longue date de la Résistance iranienne, impérative pour la sécurité, la paix et la stabilité au Moyen-Orient ; elle constitue une mesure urgente et nécessaire pour mettre fin à la guerre et au terrorisme dans la région et dans le monde.
Mme Radjavi a mis en avant ce que les partisans du “mythe de la modération en Iran” refusent de reconnaître : « La politique de complaisance a fourni beaucoup de financement et de liberté d’action aux mollahs et aux gardiens de la Révolution ces dernières décennies. »
Les « paroles de soutien » aux manifestants iraniens torturés et incarcérés, aux minorités religieuses et ethniques, aux défenseurs des droits humains et des droits des femmes en Iran, ainsi que les condoléances aux familles des prisonniers politiques exécutés n’ont aucun sens tant que la politique de complaisance est en vigueur. Les accords internationaux conclus avec les mollahs et leurs agents l’ont été au prix du sang du peuple iranien.
Les crimes commis par les mollahs et les pasdaran contre les Iraniens ont été largement ignorés par les médias grand public. Voici quelques exemples de nouvelles que nous avons rapportées sur la façon dont les pasdaran ont nui à la population en Iran, et encore plus aux femmes.
- Les pasdaran ont été un instrument contre les militantes et les femmes d’une autre confession en Iran, menant des opérations d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées, de torture, de longues peines d’emprisonnement et d’exécution de prisonnières politiques.
- Même les jeunes Iraniennes ne sont pas épargnés par les interrogatoires brutaux des pasdaran.
- Une lycéenne de 15 ans, Ma’edeh Shabani-Nejad, a été arrêtée en janvier 2018 et détenue sous interrogatoire à la prison de Sepidar d’Ahwaz, pendant plus de trois mois dans un état indéterminé. Ma’edeh avait écrit des poèmes nationalistes et épiques en arabe et les avait postés sur les médias sociaux. Elle a été arrêtée chez son oncle à Ahwaz le 25 janvier 2018 par les services de renseignement des pasdaran. Des membres de sa famille ont également été arrêtés pour avoir aidé cette adolescente de 15 ans. Ma’edeh a souffert d’une hémorragie gastro-intestinale en prison.
- Najmeh Vahedi, sociologue et militante des droits des femmes, a été arrêtée par les services de renseignement des pasdaran le 1er septembre 2018. Aucune information n’a été divulguée sur les charges retenues contre elle ni sur l’endroit où elle se trouvait, même après 11 jours d’arrestation.
- La militante kurde des droits civiques et de l’environnement, Soheila Mohammadi, a été convoquée par les services de Renseignement des pasdaran le mardi 13 mars 2018, pour “trouble à l’ordre public “.
- Les pasdaran ont arrêté l’avocate des droits humains Nasrin Sotoudeh pour avoir défendu des manifestantes contre le port du voile obligatoire. Sous la dictature religieuse, il n’y a pas de freins ni de contrepoids au sein du gouvernement, et le pouvoir judiciaire ne fait qu’approuver les actions des pasdaran. Comme l’explique Nasrin Sotoudeh : « Pendant des années, le pouvoir judiciaire s’est ouvertement et clairement rangé du côté des forces de sécurité, comme le ministère du Renseignement et le corps des pasdaran. Et contrairement à tous les principes sur la nécessité de l’indépendance de la justice, il a exécuté les ordres donnés par ces forces. »
- Dayeh Sharifeh, mère du prisonnier politique exécuté Ramine Hossein-Panahi, a dénoncé les pasdaran pour avoir porté de fausses accusations contre son fils : « depuis le premier jour où Ramine a été arrêté, nous avons exigé que son procès soit public. Ramine est absolument innocent. Il n’a jamais été armé à aucun moment. Il était juste venu à Sanandaj pour me rendre visite. Si le ministère de la Justice dit la vérité, il doit diffuser ce que Ramine et moi avons dit. Il doit prouver que Ramine était armé. Ces fausses accusations ont été portées par les pasdaran pour couvrir leurs propres crimes en envoyant Ramine à la potence. »
- La militante écologiste Niloufar Bayani a annoncé qu’elle avait été battue et brutalisée, menacée et torturée à de nombreuses reprises par les pasdaran pendant sa détention d’un an dans une prison des pasdaran, et qu’elle avait été contrainte de faire de faux aveux contre elle-même. Elle a témoigné lors de sa deuxième séance de procès, le samedi 2 février 2019.
- Atena Daemi a été arrêtée à son domicile le mardi 15 octobre 2014. Les accusations portées contre cette militante des droits civils sont des accusations de rassemblement et de collusion contre l’État, d’outrage au guide suprême des mollahs et au sacré, d’opposition au voile obligatoire et aux exécutions. Atena a envoyé une lettre à sa sortie de prison pour dire tout le dégoût que lui inspire les pasdaran : « en tant qu’Iranienne, je déclare que non seulement je ne suis pas membre des pasdaran, mais que je suis incarcérée à cause des crimes des pasdarans. »
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Les gardiens de la révolution et leurs proches ont commis des crimes en toute impunité.
– 41 femmes et jeunes filles iraniennes (d’une province) ont été violées par des agresseurs liés à de grosses autorités locales. Les familles des victimes ont dit qu’elles ne faisaient pas confiance aux forces de police pour enquêter parce que « les assaillants sont liés aux miliciens du Bassidj». Selon un autre récit, le père de l’un des suspects est l’un des principaux commandants des pasdaran qui domine l’économie et les forces armées du pays.
– Une jeune Kurde de 18 ans a été violée dans la ville de Boukan, dans l’ouest de l’Iran, par un agent du renseignement des pasdaran.
– Une jeune Kurde d’Ochnaviyeh s’est suicidée après avoir été violée par un pasdaran.
3. Pressions des pasdaran sur les employeurs pour licencier les proches de prisonniers politiques et des minorités religieuses
- Sous l’influence des pasdaran, les femmes bahaïes sont soit envoyées en prison pour plusieurs années, soit licenciées de leur emploi pour leur foi.
- Nastaran Na’imi, l’épouse du prisonnier d’opinion iranien Sohail Arabi, a été renvoyée de son poste sous l’influence des pasdaran. Les agents du renseignement ont appelé et menacé l’employeur de cette femme et l’ont contraint à la licencier.
https://wncri.org/2017/09/17/iran-nastaran-na-imi-was-discharged-due-to-irgc-pressure/
4. Un quota élevé d’admission à l’université réservé aux pasdaran – une injustice pour les autres étudiants
30 % des places pour le test d’admission aux examens d’entrée à l’école d’assistant médical et dentaire sont attribuées aux pasdaran et à la milice du Bassidj.
https://wncri.org/2018/06/06/iran-women-protest-allocation-of-admission-quotas-for-irgc-bassij/
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Les pasdaran interviennent lourdement dans la vie des Iraniens :
Intervention des pasdaran lors de funérailles
Les pasdaran ont empêché la location d’une salle pour les funérailles de Narguesse Khoubani parce qu’elle était la petite-fille d’un leader de l’opposition.
Les pasdaran interviennent dans des fêtes privées
Les pasdaran à Ispahan ont arrêté 64 jeunes, filles et garçons, pour avoir participé à une fête. Les arrestations ont eu lieu le mardi 8 août 2017.
Les pasdaran nuisent à l’épargne et aux investissements du peuple iranien
Le Crédit Caspian, affilié aux pasdaran, est une institution financière reconnue et autorisée par la banque centrale d’Iran. Des milliers d’Iraniens ont déposé leur épargne au Crédit Caspian, qui les a spoliés de la totalité de leurs biens quand il a fait faillite l’an dernier.
Les pasdaran responsables des pertes humaines lors des récentes inondations
Pourquoi les pluies diluviennes ont-elles provoqué des inondations dans les villes et villages iraniens avec des torrents de boue et de vase ? Parce que les pasdaran ont construit des centaines de barrages, creusé des centaines de tunnels et modifié les voies fluviales en de nombreux endroits sans respecter les règles essentielles. Ils ont également eu recours à la déforestation et ont occupé les berges des fleuves. Ils ont procédé sans répit à la destruction ou à la confiscation de biens 24 heures sur 24.
La garnison Khatam-ol Anbia des pasdaran, située au kilomètre 3 de la route Chiraz-Ispahan, a détourné la trajectoire de l’inondation avec des engins de génie pour protéger ses propres bâtiments. En conséquence, des torrents soudains ont déferlé vers l’entrée de Chiraz, dénommée Darvazeh-ye-Coran. Or ce site possédait un canal pour contenir les inondations mais les pasdaran l’avaient comblé pour y édifier des bâtiments.
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Les pasdaran sont un instrument de répression des femmes
Le commandant des pasdaran au Lorestan, dans l’ouest de l’Iran, a insisté sur la nécessité de sévir contre les femmes « mal-voilées », en déclarant : « Aujourd’hui, nous devons considérer la promotion des mal-voilées comme une préoccupation politique et sécuritaire. » Morteza Kashkouli a ajouté : « La confrontation avec l’ennemi est passée du terrain militaire au domaine politique et culturel. Nous avons beaucoup à faire dans le domaine du voile. » (Agence de presse Fars, affiliée aux pasdaran – 30 juin 2016)
La classification FTO est un pas en avant majeur et efficace pour le peuple iranien qui lutte pour sa liberté et ses droits parce qu’elle met toute personne, entité ou entreprise qui soutient les pasdaran – instrument de répression, de terreur et d’exécution des mollahs – de tomber sous le coup de poursuites pénales.
Il est temps de mettre fin au soutien international pour préserver le pouvoir des mollahs et d’entendre les cris venant de tout l’Iran. Le peuple iranien scande dans ses manifestations, que « l’ennemi est ici-même ». Oui, le peuple iranien n’a qu’un ennemi, les mollahs, et il exige un changement.