Le 30 août 2025, une conférence s’est tenue à la mairie du 17e arrondissement de Paris sous le titre « L’Iran se soulève contre le régime des exécutions », marquant l’anniversaire du massacre de 1988 des prisonniers politiques. Lors de cette conférence, Azadeh Alemi, qui, enfant, avait été emprisonnée avec sa mère, prisonnière politique, a prononcé un discours tandis que son fils se tenait derrière elle en signe de soutien à sa personne et à sa cause :
Madame la Présidente, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, aujourd’hui je prends la parole à l’occasion du triste anniversaire du plus grand massacre de prisonniers politiques perpétré en 1988.
Je parle au nom d’une génération née et élevée dans la Résistance, une génération qui a grandi avec un seul rêve : celui de la liberté.
Une enfance dans les bras d’une mère prisonnière ; une génération née dans la résistance
Permettez-moi de vous emmener quelques instants dans une cellule froide et noire de la prison d’Evin.
J’étais une enfant, mon seul refuge était l’étreinte de ma mère. Chaque nuit, alors que je m’endormais dans ses bras, le silence était brisé par le bruit des serrures : la porte s’ouvrait, on arrachait ma mère à moi pour l’emmener être torturée. Je restais seule dans l’obscurité, blottie sous une couverture usée, les yeux fermés, priant pour qu’elle revienne, blessée mais debout.
C’est dans cette cellule que j’ai appris ce que signifie résister. Nous avons grandi avec une certitude inébranlable : la liberté n’est pas un privilège, elle est un droit. Mais ce droit, nous le savons, a toujours un prix. Dès le début des années 1980 ; le régime nous a arraché nos êtres les plus chers et a commis l’innommable, croyant pouvoir exterminer une génération entière de résistants, une génération qui ne voulait qu’une seule chose : la fin de la tyrannie et l’aube de la liberté.
L’héritage de la résistance : une voix qui n’a pas été réduite au silence après 45 ans
45 ans ont passé, et nous sommes toujours là, non seulement présents, mais plus nombreux et plus déterminés. De génération en génération, nos parents, qui ont affronté deux dictatures, celle de la monarchie et celle des mollahs, nous ont transmis bien plus qu’un souvenir : ils nous ont légué un héritage, celui de la Résistance, celui de l’idéal le plus sacré qui soit, l’idéal de vivre libre.
À l’intérieur de l’Iran, des femmes et des hommes croupissent en prison pour avoir réclamé la liberté, tandis que les exécutions continuent sans justice ni procès équitable. À l’extérieur, nous, exilés, n’avons jamais cessé d’être la voix de celles et ceux qui ne sont jamais sortis vivants de prison, de ceux qui ont choisi de mourir plutôt que de vivre à genoux, comme mes deux jeunes oncles Hadi, 25 ans, et Reza, 22 ans.
C’est l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte
Nous luttons pour qu’un jour, plus jamais personne ne soit exécuté, torturé ou emprisonné à cause de ses convictions. N’oublions pas que les visages de la Résistance furent un jour accusés de terrorisme ou de subversion uniquement parce qu’ils avaient pris les armes pour se défendre face à des dirigeants impitoyables et lourdement armés. Mais, comme l’a dit Nelson Mandela, c’est l’oppresseur et non l’opprimé qui détermine la forme de la lutte.
C’est pourquoi nous appelons avec force à soutenir le combat courageux mené par les unités de Résistance sur le terrain, au cœur même de l’Iran.
Nous avons choisi d’être la voix de notre peuple et de soutenir la troisième voie proposée par le leadership remarquable de Maryam Radjavi, qui jour après jour affaiblit l’ennemi sans jamais reculer. La génération qui nous succède a fait le même choix.
Merci à vous.



















