Féminicide en Iran : L’Iran a été le théâtre des meurtres horrifiants d’au moins 9 femmes par leurs proches hommes en seulement 20 jours, du 23 mai au 11 juin 2025. Les maris, partenaires ou parents masculins des victimes ont majoritairement commis les meurtres.
Ces femmes ont été tuées pour des raisons aussi atroces que le fait de demander le divorce, rechercher une indépendance économique et sociale, ou simplement résister à la contrainte, à la discrimination ou à un vol.
Ces meurtres ne sont pas de simples taches sur les mains des assassins ; ils constituent une accusation accablante contre un régime misogyne, dans lequel les lois accordent aux hommes une domination sur les femmes, dépénalisent la violence domestique et définissent les femmes comme des subordonnées ou des propriétés. Un système où les mécanismes juridiques et sociaux ne sont pas conçus pour protéger les femmes, mais pour préserver le contrôle patriarcal.
Bien que chacun de ces meurtres soit une tragédie humaine et sociale à part entière, leur répétition rapide révèle un schéma — enraciné dans les politiques d’État, la doctrine religieuse patriarcale et un appareil répressif.
Les victimes ont été abandonnées sans protection juridique, sans soutien institutionnel, et sans le droit fondamental à la sécurité, même dans leurs propres foyers. Dans plusieurs cas, ces femmes avaient signalé à plusieurs reprises des menaces avant leur mort, mais les systèmes judiciaire et policier sont restés silencieux, indifférents, voire complices de la perpétuation de cette violence.
Le silence du gouvernement, l’absence de politiques préventives et l’incapacité à adopter une législation efficace contre les violences faites aux femmes n’ont pas seulement permis ces crimes : ils les ont aussi banalisés.
Un aperçu des tragédies liées au Féminicideen Iran :
Massacre familial à Kermanchah
Le 23 mai 2025, Ashkan Hemmati, 29 ans, a tiré avec une arme à feu et tué son épouse de 25 ans, Samira Farhadi, blessant également ses sœurs adolescentes, Somayeh (17 ans) et Zahra Farhadi. Samira est morte sur place, et Somayeh a succombé à ses blessures deux jours plus tard. Le couple avait des différends persistants depuis neuf mois et était parent de deux jeunes enfants.

Zahra Aliyari poignardée à mort à Miandoab
Le 24 mai, Zahra Aliyari a été violemment poignardée à mort par son mari à leur domicile. Des sources locales ont rapporté de nombreux coups de couteau. Le motif évoqué était des « différends domestiques ».
Eshrat Heydari tuée par balle en voulant apaiser un conflit
Il a été rapporté le 27 mai qu’Eshrat Heydari, âgée de 45 ans et originaire de Khochab, dans la province du Khorassan Razavi, au nord-est de l’Iran, a été tuée par balle par son mari alors qu’elle tentait de calmer une dispute entre celui-ci et leur fils.

Corps mutilé d’une demandeuse d’asile afghane retrouvé
Le 3 juin, des parties du corps démembré de Kobra Rezaei, 26 ans, demandeuse d’asile afghane également connue sous le nom de Shaghayegh, ont été retrouvées dans une benne à ordures à Pakdacht, au sud-est de la province de Téhéran. Elle avait disparu 50 jours auparavant alors qu’elle se rendait à son travail à Varamin. Son identité a été confirmée par test ADN.
Un collègue masculin avait auparavant tenté de se rapprocher d’elle. L’analyse des données de téléphonie mobile a montré que le dernier signal de Kobra avait été enregistré près du domicile de cet individu.

La championne de bras de fer Hanieh Behboudi tuée par son mari
Hanieh Behboudi Pouramghan, 23 ans, étudiante en éducation physique et championne de bras de fer originaire du Khorassan Razavi, a été étranglée et battue à mort par son mari le 7 juin 2025.
Le motif évoqué serait la jalousie de son mari face à sa reconnaissance publique. Hanieh Behboudi était mère d’une fillette de quatre ans.

Ommolbanin Gholizadeh tuée après des menaces de mort répétées
Le 7 juin, Ommolbanin Gholizadeh, âgée de 47 ans, a été poignardée à mort par son mari dans le comté de Maneh et Samalqan, dans la province du Khorassan du Nord.
Selon sa famille, elle avait été menacée de mort à plusieurs reprises par son mari après avoir demandé le divorce.
Jeune femme tuée à Kelardacht, dans le Mazandaran
Le 9 juin, une femme a été assassinée par son mari à l’aide d’une arme blanche. Il a pris la fuite, mais a ensuite été arrêté et a avoué. Son identité n’a pas encore été révélée.
Femme poignardée à mort à Karaj
Le 11 juin, un homme de 32 ans a poignardé sa femme de 31 ans à mort à Karaj, avant de se blesser avec la même arme et de se jeter du toit d’un immeuble, trouvant la mort sur le coup.
Autres meurtres de femmes signalés
Quatre autres femmes auraient été tuées. L’une d’elles l’aurait été par son mari, tandis que les trois autres ont été assassinées par différents individus.

Fatemeh Sadeghi assassinée à Jahrom
Il a également été rapporté le 26 mai que le corps sans vie de Fatemeh Sadeghi, âgée de 39 ans, avait été découvert dans des toilettes publiques à Jahrom, le 30 avril 2025.
Son mari, Sadegh Ranjbar, l’a assassinée après qu’elle eut demandé le divorce. Il a tenté de maquiller le crime en suicide en enroulant une écharpe autour de son cou.

Le corps d’Elaheh Hossein-Nejad retrouvé après 11 jours de disparition
Autre fait qui a choqué la société iranienne : le 6 juin, le corps poignardé d’Elaheh Hossein-Nejad, une femme de 24 ans travaillant dans un salon de beauté, a été retrouvé à la périphérie de Téhéran. Elle avait disparu depuis le 25 mai.
La version officielle est qu’elle aurait été tuée lors d’un vol de téléphone, après avoir résisté à son agresseur. Cependant, de nombreuses spéculations avancent qu’elle aurait été enlevée et assassinée par les forces de sécurité en raison de son activisme anti-régime.
Meurtre suspect d’une jeune femme à Pichva
Le 9 juin, il a également été signalé que le corps d’une jeune femme avait été retrouvé abandonné dans le comté de Pichva, au sud-est de la province de Téhéran. Les informations sur la victime et l’auteur du crime restent inconnues.
Femme âgée retrouvée assassinée à Téhéran
Le 29 mai, le corps d’une femme de 60 ans a été retrouvé dans sa salle de bain, dans le quartier Molla Sadra de Téhéran, portant de multiples blessures par arme blanche. Elle se remettait d’une opération récente contre un cancer. Le tueur reste non identifié.
Ce schéma de meurtres est un rappel sinistre : tant que le régime iranien — avec ses fondements misogynes — restera au pouvoir, aucun changement réel ne sera possible.
Aucune réforme ne mettra fin à ce cycle sanglant de violences contre les femmes. Seul le démantèlement complet de ce système oppressif, remplacé par un système fondé sur l’égalité, la dignité humaine et la justice de genre, pourra apporter une sécurité durable et la liberté aux femmes en Iran.