Près de quatre mois après l’arrestation d’Ayda Najaflou — convertie chrétienne et mère de deux enfants — elle demeure dans un flou juridique total, détenue dans l’aile de sécurité de la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran. Les autorités judiciaires et sécuritaires n’ont pas fourni d’explication claire concernant les charges retenues contre elle, et elles ont en pratique bloqué sa libération provisoire en fixant une caution exorbitante.
Une caution excessive utilisée comme outil de pression et de détention prolongée
Le système judiciaire iranien a fixé une caution de 110 milliards de rials pour la libération provisoire d’Ayda Najaflou — une somme largement hors de portée pour une famille moyenne.
Cette décision semble viser à accroître la pression sur elle et à prolonger sa détention. En plus de lui refuser le droit à un procès équitable et rapide, cette caution excessive l’empêche de retrouver ses enfants, prolongeant une séparation forcée qui cause une détresse émotionnelle profonde à sa famille.
L’un des enfants d’Ayda souffre d’une maladie chronique, et son absence a gravement perturbé la vie familiale, créant une forte pression psychologique sur ses enfants et son mari.
Santé en déclin et absence de soins médicaux
Avant son arrestation, Najaflou avait subi une opération du disque lombaire et souffrait de problèmes chroniques au dos. Depuis son incarcération, elle est privée de tout traitement spécialisé et n’a aucun accès aux soins médicaux de base, tels que les antalgiques, la physiothérapie ou des consultations avec un spécialiste.
Le manque de soins a aggravé son inflammation vertébrale et ses douleurs chroniques, suscitant de sérieuses inquiétudes sur son état de santé physique. D’un point de vue des droits humains, cette privation médicale délibérée constitue une forme évidente de « torture blanche », un abus psychologique impliquant privation prolongée et traitement inhumain.
Ayda Najaflou a été arrêtée début février 2024 par les forces de sécurité, puis détenue initialement dans l’aile 209 de la prison d’Evin, gérée par le ministère du Renseignement. Le 12 avril 2024, elle a été transférée dans l’aile réservée aux femmes de la même prison.
Ce traitement est en contradiction flagrante avec l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantissent à chaque individu la liberté de pensée, de conscience et de religion, y compris le droit de changer de religion ou de conviction, et de manifester sa foi publiquement ou en privé, seul ou en communauté.