Journée Internationale des Infirmières 2025 : Coup de projecteur sur la crise que traversent les infirmières en Iran
Chaque année, le 12 mai, le monde célèbre la Journée Internationale des Infirmières, en hommage à la naissance de Florence Nightingale en 1820. Reconnue comme la fondatrice des soins infirmiers modernes, Florence Nightingale est saluée pour son travail pionnier pendant la guerre de Crimée, au cours de laquelle elle a considérablement amélioré les pratiques sanitaires et les soins de santé.
Le Conseil International des Infirmières (CII) a désigné cette journée en 1974 afin de rendre hommage aux contributions inestimables des infirmières dans le monde entier.
Cependant, alors que nous rendons hommage aux infirmières à l’échelle mondiale, il est crucial de mettre en lumière la crise croissante que vivent les infirmières en Iran — une crise qui menace non seulement la santé et le bien-être de ces professionnelles de la santé, mais aussi la viabilité de l’ensemble du système de santé du pays.
Une infirmière pour 25 patients
Le système de santé iranien est confronté à une grave pénurie de personnel infirmier. Les statistiques officielles révèlent que l’Iran ne compte que 1,6 infirmière pour 1 000 habitants, un chiffre bien en dessous du minimum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de 3 pour 1 000. Ce déficit entraîne une surcharge de travail écrasante : dans certaines provinces, une seule infirmière peut être responsable de jusqu’à 25 patients.
Les conséquences de tels ratios sont alarmantes. Les infirmières surmenées sont plus exposées à l’épuisement professionnel, aux erreurs médicales et aux troubles de santé mentale, ce qui compromet directement la qualité des soins et la sécurité des patients.
Pression économique et exode massif
Les difficultés financières aggravent encore davantage la situation des infirmières en Iran. Le salaire mensuel moyen d’une infirmière iranienne s’élève à environ 13 millions de tomans (soit environ 140 dollars), un montant inférieur au seuil de pauvreté international. À titre de comparaison, les infirmières des pays voisins perçoivent des salaires bien plus élevés, ce qui pousse de nombreuses professionnelles iraniennes à chercher un emploi à l’étranger.
Alors qu’une infirmière aux États-Unis peut gagner 4 000 dollars pour 7 heures de travail, une infirmière iranienne touche environ 120 dollars pour 10 à 12 heures de travail, parfois jusqu’à 20 heures par jour. (Journal d’État Arman-e Mellin, 14 octobre 2020)
Les données montrent qu’environ 3 000 infirmières quittent l’Iran chaque année, faisant du pays l’un des plus grands exportateurs de personnel infirmier de la région. Cette fuite des cerveaux appauvrit les ressources humaines du secteur de la santé et met en évidence les dysfonctionnements systémiques qui poussent les professionnelles à partir.

Conditions de vie : une réalité alarmante
La précarité dépasse largement le cadre professionnel. Mohammad Sharifi-Moghaddam, secrétaire général de la Maison des Infirmières d’Iran, a dénoncé les conditions de vie inhumaines auxquelles certaines infirmières sont confrontées. En raison de salaires insuffisants et de l’absence d’aides au logement, certaines infirmières ayant quitté les zones rurales pour travailler dans des villes comme Téhéran sont contraintes de faire plusieurs gardes consécutives et de dormir dans leur voiture pendant leurs pauses. Pour subvenir à leurs besoins élémentaires comme se laver, elles utilisent parfois les installations des hôpitaux, vivant ainsi dans des conditions de fortune. (Donya-e Eghtesad, 22 février 2025)
Crise de santé mentale chez les professionnels de santé
La crise infirmière s’inscrit dans une urgence plus large de santé mentale qui frappe la communauté médicale en Iran. Le suicide tragique de Narges Mohammadpour, une interne en quatrième année de gynécologie-obstétrique à Tabriz, a révélé l’ampleur des pressions subies par les internes en médecine. Après avoir pratiqué une césarienne d’urgence dans des conditions extrêmes, elle a été tenue financièrement responsable des complications survenues, ce qui l’a poussée à mettre fin à ses jours.
Ce drame n’est pas un cas isolé. D’autres internes ont eux aussi été victimes de stress extrême, dénonçant des horaires de travail écrasants, le manque de soutien psychologique et des sanctions punitives en cas d’erreur médicale comme facteurs aggravants.

Conclusion
Alors que le monde célèbre la Journée Internationale des Infirmières en rendant hommage à celles et ceux qui consacrent leur vie à soigner les autres, la situation en Iran offre un contraste saisissant. Les infirmières en Iran ne sont pas seulement surchargées de travail et mal rémunérées — elles sont écrasées par un régime autoritaire et corrompu qui ne respecte ni la dignité humaine ni les principes fondamentaux de la santé publique.
La souffrance des infirmières iraniennes n’est pas le fruit d’une mauvaise gestion accidentelle ou d’un manque de ressources : elle est la conséquence inévitable d’un système fondé sur la répression, l’exploitation et le mépris. Depuis des décennies, le régime clérical détourne les richesses nationales vers son appareil sécuritaire, sa machine de propagande et ses aventures militaires à l’étranger, abandonnant des secteurs essentiels comme la santé publique à la dérive. Celles et ceux qui osent dénoncer cette situation — y compris dans le milieu médical — s’exposent à des représailles, à l’arrestation, voire à pire encore.
Il n’y a aucun avenir pour les infirmières, les médecins ou les patients tant que ce régime est au pouvoir. Les appels à l’amélioration ou à la réforme restent sans réponse, car le système lui-même est conçu pour étouffer, exploiter, et non pour soutenir ou protéger. Tant que ce régime restera en place, les infirmières continueront à fuir le pays, à mourir d’épuisement ou à mettre fin à leurs jours dans le désespoir. Et le peuple iranien continuera de souffrir d’un système de santé en ruine qui ne cherche même plus à faire semblant de le servir.
En cette Journée Internationale des Infirmières, nous ne devons pas seulement pleurer les conditions que subissent les infirmières iraniennes — nous devons en dénoncer la cause profonde. La crise actuelle du système de santé en Iran n’est pas une simple erreur de politique : elle est le résultat direct et inévitable de la mainmise violente du régime sur le pays.