Le quartier des femmes de la prison de Vakilabad à Machhad s’apparente de fait à un camp d’exil pour les femmes détenues — un environnement marqué par la négligence, la souffrance et un mépris total des droits humains. Les prisonnières y sont soumises à des conditions sanitaires, alimentaires et médicales déplorables, et leurs droits fondamentaux sont systématiquement bafoués.
Malgré une capacité limitée, la prison accueille actuellement au moins 3 500 détenus. Beaucoup souffrent d’un manque sévère de besoins essentiels tels que l’eau potable, une alimentation adéquate et des produits d’hygiène de base. Les repas sont d’une qualité extrêmement médiocre et dépourvus de valeur nutritive, entraînant de nombreux problèmes de santé physique chez les femmes incarcérées.
Graves carences sanitaires et médicales
Les femmes détenues sont contraintes de se laver à l’eau froide — même en plein hiver rigoureux — en raison de l’absence d’eau chaude, ce qui provoque fréquemment des rhumes chroniques, des douleurs articulaires et d’autres maladies. Les installations sanitaires sont gravement insuffisantes : seules huit toilettes fonctionnelles sont disponibles pour l’ensemble des femmes emprisonnées. L’accès aux soins médicaux est quasi inexistant ; l’infirmerie, de petite taille, est sous-équipée, dépourvue de médicaments adéquats et de personnel formé.
Travail forcé et exploitation systématique
Le travail forcé est devenu la norme pour les femmes à Vakilabad à Machhad. Les prisonnières sont contraintes de travailler dans des ateliers pénitentiaires — tissage de tapis, couture, fabrication de chaussures, nettoyage des zones de quarantaine — de 6 h du matin jusqu’à 16 h, certaines, notamment dans l’atelier de chaussures, étant obligées de travailler jusqu’à 22 h. Malgré ces longues heures de labeur éprouvant, les femmes ne reçoivent qu’un salaire mensuel dérisoire. Les profits générés par leur travail profitent essentiellement à l’administration pénitentiaire, en particulier au directeur de la prison de Vakilabad. Tout refus de participer à ces travaux forcés est puni collectivement, notamment par la suppression du droit de téléphoner.

Restrictions sur la communication et les visites — en particulier pour les prisonnières politiques
Les prisonnières politiques se voient totalement refuser l’accès au téléphone et sont délibérément maintenues à l’isolement, sur ordre du directeur de la prison, afin d’empêcher tout contact avec les autres femmes détenues. Les visites sont extrêmement limitées et de très courte durée ; dans de nombreux cas, les demandes répétées des familles pour obtenir une visite sont ignorées.
Violence systématique et exécutions quotidiennes
Les abus physiques et psychologiques sont institutionnalisés dans la prison de Vakilabad. Les femmes y subissent quotidiennement des humiliations verbales, des menaces et des traitements dégradants de la part des gardiennes. Des exécutions sont régulièrement pratiquées à l’intérieur même de la prison, instaurant un climat permanent de peur et de traumatisme dans une situation déjà extrêmement précaire.
Trafic de drogue au sein de la prison — avec la complicité des autorités
Des informations indiquent que des stupéfiants, notamment la méthadone, sont facilement accessibles à l’intérieur de la prison de Vakilabad. La méthadone est distribuée par l’infirmerie, et d’autres substances comme le nas (une forme de tabac à chiquer) sont vendues ouvertement dans l’établissement — parfois jusqu’à 400 000 tomans par paquet. Ces transactions auraient lieu avec la connaissance, voire sous la supervision des responsables de la prison, y compris du directeur lui-même.
Ce rapport ne révèle qu’une infime partie des conditions inhumaines endurées par les femmes détenues à la prison de Vakilabad à Machhad.
Le déni des besoins fondamentaux, le travail forcé, les interdictions de communication, les violences physiques et psychologiques, ainsi que la banalisation des exécutions témoignent de violations systématiques et étendues des droits fondamentaux humains.
L’ampleur et la gravité de ces abus soulignent l’urgence pour les organisations internationales de défense des droits humains d’enquêter et de faire pression sur le régime iranien afin qu’il autorise une surveillance indépendante et qu’il mette fin à ces violations flagrantes de la dignité humaine.