La prison de Qarchak à Varamin est redevenue un point focal d’une crise humanitaire. Les décès récurrents de détenues, principalement dus au déni systématique de traitement médical et à l’absence même d’installations de soins élémentaires, mettent en lumière à la fois les violations structurelles des droits des prisonnières et la négligence médicale délibérée des autorités judiciaires et pénitentiaires.
Dans les derniers cas, Soudabeh Asadi, une détenue incarcérée pour des charges financières, est morte le 16 septembre en raison de négligence médicale et du refus de traitement. Elle a enduré plusieurs jours de douleur et de maladie sans jamais être transférée vers une structure médicale en dehors de la prison.
Le 19 septembre, Jamileh Azizi, une autre prisonnière détenue pour raisons financières, est morte dans sa section après que le personnel de l’infirmerie de la prison a ignoré des signes évidents d’arrêt cardiaque.
Quand Jamileh est tombée malade, les prisonnières ont crié et supplié qu’on vienne l’aider, mais personne n’est venu. Elle est morte sous les yeux de ses codétenues. Ses yeux sont restés ouverts quand elle a été emportée hors de la section.
Somayeh Rashidi, une prisonnière politique, a perdu la vie le 25 septembre après que les autorités pénitentiaires ont échoué à la transférer à temps dans un hôpital.
Somayeh s’est effondrée et a eu plusieurs crises devant ses codétenues. Le médecin de la prison a dit qu’elle simulait. Lorsque son état est devenu critique, elle a finalement été transférée, mais avec retard. Le même jour, les médecins ont annoncé qu’il n’y avait plus aucun espoir de rétablissement.
Le 11 janvier, une autre prisonnière du nom de Farzaneh Bijanipour est morte dans la section 6 de cette prison en raison de négligence médicale.
Elle a été à plusieurs reprises conduite à l’infirmerie dans un état critique, mais le médecin de la prison a refusé de la soigner, prétendant qu’elle « simulait ». Le seul médicament prescrit fut un simple antidouleur. Lorsqu’elle a finalement été transférée à l’hôpital, elle était déjà morte.

La prison de Qarchak souffre d’eau potable insalubre et de nourriture de mauvaise qualité, d’un manque de fournitures sanitaires et médicales, d’une absence de ventilation et d’éclairage adéquats, et d’une surpopulation extrême, obligeant les prisonnières à dormir à même le sol.
L’infirmerie manque même de l’équipement le plus élémentaire, comme un tensiomètre fonctionnel, une bouteille d’oxygène remplie ou un électrocardiogramme en état de marche. Les prisonnières ne sont autorisées à se rendre à l’infirmerie qu’une fois par mois, et dans de nombreux cas, elles sont renvoyées dans leur section avec pour seul traitement un sirop contre le rhume partagé ou un antidouleur unique.
Une prisonnière actuellement détenue à Qarchak a rapporté lors d’un appel téléphonique à sa famille : « Quand nous allons pour des examens, nos maladies sont ignorées. À la place, médecins et infirmiers nous insultent avec des phrases comme : ‘Tu n’es pas encore morte ?’ ou ‘Mieux vaudrait que tu meures plus vite.’ »
Réputée pour ses conditions inhumaines, la prison de Qarchak fait face non seulement à une crise sanitaire, mais aussi à des pénuries chroniques d’eau et d’électricité, à l’absence de systèmes de refroidissement, à des installations sanitaires délabrées et à la propagation généralisée de maladies de peau.
Parmi les prisonnières incarcérées figurent plusieurs prisonnières politiques, dont Parvin Mir-Asan, Maryam Akbari Monfared, Marzieh Farsi et Shiva Esmaeili, qui souffrent de diverses maladies et dont la vie reste gravement menacée.
La persistance de ces conditions et l’augmentation du nombre de décès au sein de la prison de Qarchak soulignent une fois de plus l’urgence d’une inspection internationale de cette prison et d’entretiens avec les prisonnières.
Les instances internationales de défense des droits humains et la communauté mondiale doivent tenir le régime iranien pour responsable et exiger la fin de ces violations flagrantes des droits humains fondamentaux.