La disparition de Samineh Baghcheban, écrivaine, traductrice et l’une des fondatrices de l’éducation des sourds en Iran, a plongé la communauté culturelle et éducative iranienne dans le deuil. Elle est décédée le 17 septembre 2025 à l’âge de 98 ans.
Une enfance au cœur de l’éducation
Samineh Baghcheban est née le 24 mars 1927 à Tabriz, au sein du premier jardin d’enfants d’Iran, fondé par son père, Jabbar Baghcheban. Dès les débuts de sa vie, elle a été immergée dans une atmosphère d’apprentissage et d’éducation. Elle passa ses premières années au jardin d’enfants de Chiraz établi par son père, où elle assimila ses principes de courage, de confiance en soi, d’honnêteté et de développement personnel.

Éducation et parcours académique
Baghcheban effectua sa scolarité primaire et secondaire à Téhéran avant de s’inscrire à l’École normale de Pamenar puis à l’École supérieure de formation des enseignants. En 1948, elle obtint son diplôme en anglais. Deux ans plus tard, elle reçut une bourse pour étudier aux États-Unis.
Elle poursuivit l’enseignement supérieur au Lindenwood College dans le Missouri, puis obtint en 1953 sa maîtrise en éducation des sourds à l’Université Columbia. Elle y étudia également l’orthophonie, devenant ainsi l’une des premières spécialistes iraniennes dans l’éducation des enfants sourds.
Contributions éducatives
À son retour en Iran, Samineh travailla aux côtés de pionniers de l’éducation des enfants tels que Touran Mirhadi et Abbas Yamini Sharif à la révision des manuels scolaires. En 1961, le ministère de l’Éducation la nomma responsable des programmes nationaux de formation des enseignants de première année.
Elle prit ensuite la direction de l’École Baghcheban et devint directrice de l’Institut de formation technique pour les sourds. Dans les années 1970, elle fut PDG de l’Organisation nationale pour le bien-être des sourds, ainsi que responsable des programmes cliniques et de formation professionnelle en audiologie et interprétation pour sourds à l’Université nationale d’Iran.
Sa méthode d’enseignement, inspirée de celle de son père, s’étendit au-delà des frontières de l’Iran et fut également appliquée en Afghanistan et au Tadjikistan.
Livres et œuvres littéraires
En parallèle de son travail éducatif, Baghcheban a marqué durablement la littérature pour enfants. Ses œuvres comprennent :
• Le Pont de bois
• Norouz et les cerfs-volants
• Jom Jomak Feuilles d’automne
• Le Soleil et la Lune, de quelle couleur sont-ils ?
• Illuminatrice des ténèbres (à propos de son père, Jabbar Baghcheban)
Plusieurs de ses ouvrages furent distingués par le Conseil du livre pour enfants d’Iran. En collaboration avec l’UNICEF, elle adapta la chanson folklorique traditionnelle « J’ai couru, et j’ai couru » en livre pour enfants et en vidéo en langue des signes. Elle traduisit également en persan la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.

Héritage culturel et social
En 1977, une bourse fut créée à son nom par la Clarke School Fellowship for the Middle East (USA). Des décennies plus tard, sa vie et ses contributions furent retracées dans le livre Samineh Baghcheban : Servante de la culture et de la société.
Jusqu’à ses dernières années, elle resta fidèle à la cause de l’éducation des enfants sourds et malentendants. Réfléchissant à sa vie, elle déclara un jour :
« Si je devais renaître, je choisirais le même chemin. Chaque jour de ma vie à l’École Baghcheban était rempli de joie, et je remercie Dieu de m’avoir guidée vers cette mission. »
La vie de Samineh Baghcheban rappelle avec force que l’éducation est un droit pour chaque enfant — entendant ou sourd. Elle fut non seulement une pionnière de la littérature pour enfants mais aussi une pierre angulaire de la fondation du système d’éducation des sourds en Iran. Sa mémoire et ses contributions resteront à jamais inscrites dans l’histoire culturelle et éducative de l’Iran.




















