Un rapport accablant sur les conditions inhumaines dans le quartier des femmes
Le quartier des femmes de la prison de Sepidar à Ahvaz est devenu un symbole flagrant des violations généralisées et systématiques des droits humains en Iran. Accueillant des dizaines de femmes — parmi lesquelles des militantes de la société civile, des prisonnières politiques, des victimes de violences domestiques et des accusées de délits non politiques — cette prison fonctionne dans un climat marqué par l’oppression, l’injustice et la déshumanisation.
Cet qrticle, basé sur les témoignages directs d’anciennes détenues, offre un regard détaillé et profondément troublant sur la réalité de la vie dans le quartier des femmes de la prison de Sepidar.
Surpopulation extrême : une menace pour la santé et la dignité humaine
L’un des problèmes les plus urgents dans le quartier des femmes est la surpopulation extrême. Conçu pour un nombre limité de détenues, le quartier héberge actuellement plusieurs fois sa capacité prévue. En conséquence, l’accès aux nécessités de base telles que lits, espace pour dormir, toilettes et douches est gravement insuffisant. Les détenues doivent faire la queue pendant de longues périodes pour accéder à ces installations, et le manque de ventilation et d’espace vital met gravement en danger leur santé physique et mentale.
Absence de classification : victimes et délinquantes emprisonnées ensemble
Contrairement aux normes internationales en matière de droits humains, les femmes détenues à la prison de Sepidar sont regroupées sans distinction selon la nature des infractions qui leur sont reprochées ni selon leurs antécédents.
Les prisonnières politiques et les militantes de la société civile sont incarcérées aux côtés de personnes condamnées pour crimes violents ou infractions liées à la drogue. Cette absence de classification accroît les risques de violence et d’insécurité, tout en compromettant les possibilités de réhabilitation et de rétablissement psychologique pour de nombreuses détenues.
Crise de santé publique : maladies infectieuses non traitées
Une grande préoccupation sanitaire dans la prison de Sepidar est l’incarcération de femmes atteintes de maladies infectieuses comme le VIH ou l’hépatite parmi la population carcérale générale. Faute de soins médicaux spécialisés, de traitements appropriés ou de mesures d’isolement, le risque de contagion est élevé. Cette négligence constitue une violation flagrante du droit à la santé et à la vie des détenues.
Abus psychologiques et physiques : des outils de répression silencieuse
Les femmes détenues sont contraintes de porter en permanence des vêtements longs et amples, même en l’absence d’hommes — une forme inutile et dégradante de contrôle psychologique. Les fouilles répétées, les inspections d’effets personnels, les abus verbaux, les menaces et même la violence physique de la part de certains membres du personnel aggravent l’atmosphère de peur et d’humiliation. L’absence de mécanisme de plainte efficace a banalisé ces abus et privé les victimes de tout recours.
Négligence médicale, malnutrition et crise sanitaire
La prison refuse systématiquement aux femmes l’accès à des soins médicaux adéquats. Les rendez-vous médicaux sont retardés ou refusés, et dans de nombreux cas, les détenues reçoivent de façon routinière des tranquillisants ou des somnifères sans diagnostic préalable — laissant certaines inconscientes jusqu’à 24 heures.
Les femmes enceintes, celles atteintes de maladies chroniques et les détenues nécessitant des soins gynécologiques sont particulièrement négligées.
La nourriture distribuée est souvent avariée, carencée sur le plan nutritionnel et insuffisante. Les prisonnières souffrent de malnutrition sévère.
De plus, des fuites d’eaux usées représentent un grave danger sanitaire, les déchets s’infiltrant parfois dans les zones de vie, rendant l’environnement inhabitable.
Isolement familial, répression idéologique et déni de justice
Les femmes détenues font face à de sévères restrictions de contact avec leurs familles — limitées à seulement deux appels téléphoniques de 10 minutes par semaine, partagés entre toutes les détenues via seulement deux lignes.
Les visites familiales sont devenues un outil disciplinaire : les détenues se voient refuser ces visites en guise de punition pour avoir exprimé des plaintes. Le traumatisme psychologique est particulièrement grave pour les mères incarcérées.
Les femmes ne sont autorisées à sortir que six heures par jour, et doivent obligatoirement assister à une cérémonie quotidienne de salut au drapeau et à l’hymne national du régime iranien — une pratique servant de forme d’endoctrinement idéologique forcé.
Limbo judiciaire et déni de justice
Le flou judiciaire est un autre problème répandu : de nombreuses femmes sont détenues pendant des mois, voire des années, sans procès ni condamnation. L’accès à un avocat est limité voire inexistant, et les retards prolongés dans les procédures aggravent l’anxiété, la dépression et le désespoir.
Les détenues politiques et idéologiques subissent des restrictions encore plus sévères, notamment l’interdiction d’accès aux médias et des pressions psychologiques accrues — preuve claire de la répression de la liberté d’expression par le régime.
Les tentatives des détenues pour protester contre ces conditions désastreuses sont violemment réprimées : isolement cellulaire, coupure de toute communication avec l’extérieur, et menaces de sanctions supplémentaires sont des moyens régulièrement employés pour faire taire toute dissidence.
Mères et enfants en détresse : une tragédie oubliée
Les femmes enceintes et les mères incarcérées vivant avec leurs enfants subissent une privation extrême. L’absence de soins maternels, de vêtements et d’une alimentation appropriée pour les enfants, ainsi que le manque de ressources éducatives, créent un environnement insupportable. Ces enfants grandissent dans un cadre marqué par le traumatisme, l’instabilité et les atteintes psychologiques — une crise silencieuse aux conséquences durables.
Le quartier des femmes de la prison de Sepidar offre un portrait glaçant de la politique répressive du régime iranien et des abus systémiques envers les femmes. Le déni des droits humains fondamentaux, la violence omniprésente, l’absence de procédure judiciaire équitable, et la souffrance des mères et de leurs enfants appellent une attention urgente de la communauté internationale.
Cet article constitue un appel clair à l’action pour les organisations internationales de défense des droits humains : garder le silence face à une telle cruauté, c’est être complice.