Le samedi 22 février 2025, le Commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne a organisé une conférence pour célébrer la Journée internationale des droits des femmes (JIF 2025).
L’événement a réuni d’éminentes dirigeantes politiques, des défenseuses des droits humains et des soutiens de la Résistance iranienne venant de plus de 80 pays.
Sharon Davies est une ancienne nageuse de compétition ayant représenté la Grande-Bretagne lors de trois Jeux olympiques, aux Championnats d’Europe, et pour l’Angleterre aux Jeux du Commonwealth, remportant de nombreuses médailles d’or, d’argent et de bronze.
Au-delà de ses exploits sportifs, elle est une fervente défenseuse de l’équité dans le sport, une animatrice respectée, et une militante engagée pour l’intégrité dans l’athlétisme.
Elle a prononcé un discours lors de l’événement JIF 2025 à Paris. En voici des extraits :
Sharon Davies : Nous vous entendons, nous vous voyons, et nous sommes à vos côtés
Merci beaucoup, mesdames et messieurs.
Je ne suis pas une femme politique, alors pardonnez-moi si je ne suis pas parfaite dans mes mots. Mais c’est un immense honneur, en cette Journée internationale des femmes, d’être ici, entourée de femmes aussi extraordinaires.
Défendre les droits des femmes et l’équité dans le sport
Vous êtes vraiment, vraiment spéciales. Permettez-moi de vous parler un peu de moi, car beaucoup d’entre vous ne savent probablement pas qui je suis ni pourquoi je me bats pour les droits des femmes et des filles.
J’ai gagné mes médailles en natation dans les années 70 et 80, et j’ai passé une grande partie de ma carrière à affronter des nageuses allemandes — qui, sans que ce soit leur faute, étaient forcées par un système tyrannique à prendre des hormones comme la testostérone.
Cela a privé de nombreuses filles de leurs médailles. Et cette pratique a duré 20 ans. Ce n’est même pas le CIO qui y a mis fin — cela s’est arrêté avec la chute du mur de Berlin, en 1989.
Je me suis juré que cela n’arriverait plus jamais à une autre génération de jeunes filles.
Il faut se souvenir que, même si 51 % de la population mondiale est féminine, le sport féminin ne reçoit que 4 % des financements.
Les hommes captent 96 % de tous les financements, de chaque centime, chaque dollar ou chaque livre sterling injecté dans le sport.
Et en février 2015, le CIO a décidé que nous, les femmes, nous n’avions même plus droit à un sport équitable.
Je ne pouvais pas rester les bras croisés en regardant cela se produire, surtout après tout ce que nos jeunes filles avaient accompli.
Alors bien sûr, j’ai osé m’exprimer et je l’ai payé très cher.
Mais si c’était à refaire, je le referais sans hésiter.
Le pouvoir des récits pour réveiller les consciences
J’ai entendu parler de vos luttes depuis longtemps.
Mais hier, pendant un atelier, j’étais la personne la plus émue de la salle, en larmes, parce que vos histoires sont bouleversantes.
Et ce sont ces récits que vous devez faire connaître au monde.
La plupart des gens — en dehors de cette salle remplie de politiques — ne comprennent pas ce que cela signifie d’être Iranienne, d’être opprimée, de vivre dans un pays en guerre.
En Occident, nous n’avons pas connu la guerre depuis 80 ans.
Mais nous comprenons ce que cela fait d’être mère et d’être emprisonnée loin de son enfant.
Nous comprenons ce que cela signifie de se faire arracher ses droits.
J’ai entendu parler de jeunes filles qui se font arrêter juste pour avoir écrit un message sur un mur, distribué un tract ou retiré leur voile.
Quelqu’un les voit passer dans une voiture, passe un coup de fil, et elles se retrouvent en prison.
Souvenir de Forouzan Abdi et des 30 000 voix réduites au silence
Et pour des actes aussi simples, elles sont emprisonnées.
Une chose m’a particulièrement marquée : les sportives ont été ciblées avec une brutalité particulière.
Il y avait une jeune femme, Forouzan Abdi.
Elle était capitaine de l’équipe nationale de volley-ball d’Iran, à la même époque où je remportais ma médaille olympique.
Et quand je pense à Forouzan, je pense : ça aurait pu être moi.
Si j’étais née dans un autre pays. Parce que je suis plutôt du genre à dire ce que je pense.
Alors oui, ça aurait pu être moi.
Et je suis si fière de ce qu’elle a accompli, de son courage, même en prison.
Quand sa libération était prévue, ils l’ont gardée enfermée.
Puis, en 1988, elle a été exécutée avec 30 000 autres personnes.
Et cela… est presque passé inaperçu dans le monde.
30 000 personnes. C’est ahurissant.
Un appel à la solidarité avec les droits des femmes et le courage des athlètes
Après tant de torture, de barbarie, et sous un régime tyrannique qui traite les femmes comme des citoyennes de troisième classe,
le courage de mes consœurs athlètes m’a tellement émue que, lorsque j’ai été invitée à venir ici, je ne pouvais pas dire non.
Je me bats depuis longtemps pour les droits dans le sport,
mais ce n’est rien comparé à ce que vous, et vos incroyables femmes en Iran, avez affronté.
Je suis solidaire des femmes d’Iran et de toutes les femmes dans le monde qui subissent aujourd’hui la soumission.
Aux côtés des femmes pour la liberté, l’égalité et un avenir meilleur
Et pour les héroïnes courageuses des unités de résistance : Femmes, Résistance, Liberté.
Les femmes du monde entier : nous sommes sœurs dans la condition féminine.
Nous devons nous unir derrière le plan en dix points de Madame Maryam Radjavi, pour un Iran libre et démocratique
un Iran où les femmes, comme moi, peuvent pratiquer du sport, travailler, diriger, et avoir une voix.
Quel gâchis incroyable de talents et de ressources humaines que de ne pas permettre aux femmes de réaliser leur plein potentiel, de contribuer à leur nation.
Je ne comprends pas cela. Vous avez cette richesse et vous la mettez en cage.
Surmonter l’adversité pour garantir un avenir d’égalité et de justice
Vous pouvez gagner.
Lorsque j’ai commencé mon combat contre le CIO, ce fut une bataille extrêmement difficile.
Des activistes appelaient chaque organisation caritative avec laquelle je collaborais, chaque employeur que j’avais.
Ils ont menacé mes revenus. Ils ont menacé ma vie.
Ils ont même menacé mes enfants.
Mais j’ai décidé de ne pas céder tout comme vous ne cédez pas.
Mon combat n’est rien comparé au vôtre je ne compare pas mais je comprends un tout petit peu combien c’est dur, et c’est pour cela que je suis ici aujourd’hui.
Mais ce que je veux vous dire, c’est que 10 ans plus tard, il y a maintenant 6 candidats au CIO qui seront bientôt élus et tous ont promis de protéger la catégorie féminine aux Jeux olympiques.
Avec les combattantes courageuses pour la liberté et l’égalité
Ce que je veux dire, c’est 30 000
Nous vous entendons. Nous vous voyons. Et nous sommes à vos côtés.
Et la principale raison de ma venue aujourd’hui, c’était de regarder cette caméra et de m’adresser directement aux incroyables unités de résistance en Iran, celles qui prennent des risques immenses en ce moment.
Je veux vous dire :
chaque mouvement sportif dans le monde est Forouzan.
Continuez le combat.