CNRI Femmes – Des mères en quête de justice pour leurs enfants ont publié une déclaration, le 27 avril 2021, pour protester contre la destruction de Khavaran, où se trouvent des fosses communes des victimes du massacre de 1988.
En été 1988, le régime clérical a commis le massacre de 30 000 prisonniers politiques qui purgeaient leur peine de prison. Ainsi, le régime s’efforce-t-il de faire disparaître les preuves de son crime contre l’humanité.
Mme Sholeh Pakravan a publié la déclaration des mères sur son compte Twitter, dans laquelle elles déclarent : « Khavaran symbolise le sacrifice de milliers de jeunes femmes et jeunes hommes, qui, comme nos enfants, ont été envoyés devant des pelotons d’exécution ou ont été pendus à la potence. Nous sommes aux côtés des mères et des familles de ‘Khavaran’. »
La déclaration dit :
Nous sommes les femmes qui ont assisté à l’enterrement de nos enfants, qui ont été tués et ont roulé dans leur sang.
Nous avons vu nos fils et nos filles lorsque les balles leur ont percé la tête ou le cœur, ou que les forces de sécurité ont roulé sur leurs corps avec leurs véhicules ou les ont tués à coups des chocs électriques. Nous avons vu les corps de nos enfants mutilés sous la torture. Nous avons vu et embrassé leurs cous meurtris.
Nous avons profondément ressenti la souffrance du départ et de l’absence de nos proches. Nos enfants croyaient en la liberté et la libération des peuples. Ils ont cru en un avenir radieux pour l’Iran. Ils nous ont appris à lutter pour la liberté et la dignité, même si cela nous coûte la vie.
Nous, les femmes, avons poursuivi nos vies dans la quête de la justice pour nos enfants. Nous savons que de nombreuses femmes ont vécu avant nous et que les corps ensanglantés de leurs enfants ont été enterrés secrètement dans des fosses individuelles ou collectives. Elles n’ont même pas été autorisées à faire le deuil de leurs enfants ou à organiser une cérémonie funèbre à leur intention.
Beaucoup de ces mères sont mortes avec un immense chagrin dans leur cœur. Malgré leur profonde souffrance, elles n’ont jamais renoncé à demander justice. La nouvelle génération de mères en quête de justice a désormais hérité du drapeau qu’elles brandissaient.

Nous avons entendu dire que Khavaran, le lieu de sépulture des enfants de ces mères, a récemment fait l’objet d’une intrusion, et que le régime veut transformer ce lieu en un cimetière pour l’enterrement des défunts.
Les signataires de cette déclaration expriment notre protestation contre cet acte inhumain. Nous déclarons que Khavaran doit être conservé intact en tant que symbole de la lutte du peuple d’Iran contre l’oubli.
Khavaran est un rappel du sacrifice de milliers de jeunes femmes et hommes. Comme nos enfants, ils ont été envoyés devant les pelotons d’exécution ou ont été pendus au gibet. Nous sommes aux côtés des mères et des familles de Khavaran.
Les signataires :
Jila Ahmadi, sœur de Bahram et Shahram Ahmadi, exécutés en 2011 et 2016.
Narguesse Afshari, mère de Mohammad Dastankhah, tuée lors des manifestations de novembre 2019.
Shahnaz Akmali, mère de Mostafa Karim Beigi, tuée pendant la manifestation du 27 décembre 2009
Iran Allahyari, mère de Mehrdad Mo’einfar, tué lors des manifestations de novembre 2019.
Farzaneh Ansarifar, sœur de Farzad Ansarifar, tuée pendant les manifestations de novembre 2019.
Zeinab Bayazidi, parente de Rahman et Hassan Bayazidi, exécutée dans les années 1980.
Nahid Baharlou, sœur de Massoud Baharlou, tuée pendant les manifestations de novembre 2019.
Sholeh Pakravan, mère de Reyhaneh Jabbari, exécutée en octobre 2014.
Somayyeh Jafarpanah, la sœur de Mohsen Jafarpanah, tuée pendant les manifestations de novembre 2019.
Shamsi Khamseh, mère de Babak Assadi, blessée lors des manifestations de 2009.
Raheleh Rahemipour, sœur de Hossein Rahemipour, exécuté dans les années 1980
Mahboubeh Ramezani, mère de Pejman Qolipour, tuée pendant les manifestations de novembre 2019.
Nahid Shirpisheh, mère de Pouya Bakhtiari, tuée pendant les manifestations de novembre 2019.
Gohar Eshghi, mère de Sattar Beheshti, tuée sous la torture en 2012.
Ghadamkheir Faramarzi, mère de Bahram et Shahram Ahmadi, exécutés en 2011 et 2016.
Sedigheh Maleki, épouse du prisonnier politique Hashem Khastar.
Shahnaz Morattab, tante d’Arvin Morattab, tué dans la chute de l’avion de ligne ukrainien en janvier 2020.
Marian Mo’einfar, sœur de Mehrdad Mo’einfar, tué lors des manifestations de novembre 2019.
Faranguisse Mazloum, la mère du prisonnier politique Soheil Arabi.
Shahin Mahinfar, mère d’Amir Arshad Tajmir, tué lors de la manifestation du 27 décembre 2009.
Behiyeh Namjou, mère du champion de lutte Navid Afkari, exécuté à l’été 2020, et des prisonniers politiques Habib et Vahid Afkari.
Maryam Hashemi, tante de Sajjad Rezaii, tuée lors des manifestations de novembre 2019.
Nosrat Farhadi, la mère de Shilar Farhadi.
Mahnaz Sarabi, la mère du prisonnier politique Alireza Shir-Mohammadi, assassiné dans le pénitencier du Grand Téhéran.
Fatemeh Sepehri, la sœur du prisonnier politique Mohammad Sepehri
Tahereh Bejervani, épouse de Seyed Ali Fotouhi, tuée lors des manifestations de novembre 2019.
Zeinab Mohammadi, mère de Mohammad Taheri, tuée pendant les manifestations de novembre 2019.