La Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le 17 octobre, offre l’occasion de jeter un coup d’œil sur l’ampleur et la féminisation de la pauvreté en Iran.
L’Iran est un pays assis sur une mer de pétrole. Ce pays détient les deuxièmes plus grandes réserves de gaz naturel au monde. Ses ressources naturelles sont abondantes et le pays a accès à la haute mer au nord et au sud. Pourtant, plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et la classe moyenne a pratiquement disparu.
Le taux de pauvreté absolue en Iran est passé de 12 % en 2017 à 50 % cette année, avec un seuil de pauvreté de près de 6 millions de tomans (environ 460 $).
La pauvreté s’aggrave de jour en jour, les politiques néfastes du régime en place ayant entraîné la fermeture des usines et des ateliers de production et la destruction de l’agriculture, entraînant une augmentation du chômage. Dans le même temps, la flambée des prix et l’inflation avaient déjà réduit le pouvoir d’achat du public, avant même que la monnaie du pays ne subisse une chute libre en été.
Dans ces conditions, les femmes souffrent d’une double discrimination institutionnalisée dans les lois et les normes sociales du pays. Confrontées à de multiples obstacles à l’emploi, les femmes sont les couches sociales les plus vulnérables.
Par exemple, 82% des 3,6 millions de femmes chefs de famille n’ont pas d’emploi décent et vivent sous le seuil de pauvreté sans recevoir aucune aide gouvernementale. Le taux élevé de divorces en Iran a également contribué à augmenter le nombre de ces femmes.
Les femmes constituent donc le secteur le plus pauvre de la société iranienne à tel point que les médias et les autorités ont reconnu la “féminisation de la pauvreté” dans le pays.
Les causes de la croissance et de la féminisation de la pauvreté
L’instabilité économique est la principale cause de la pauvreté croissante en Iran. Par conséquent, la plupart des femmes sont poussées vers des emplois peu rémunérés dans le secteur privé des services, où les entreprises recrutent plus de femmes pour payer moins à leurs travailleurs.
Les femmes ont un travail difficile à accomplir dans le secteur des services. Ils tombent physiquement malades au fil du temps en raison d’un travail pénible et ne reçoivent pas leur maigre salaire régulièrement ou complètement.
Zahra Shojaii, secrétaire générale de la soi-disant ” Assemblée des femmes réformistes “, a insisté sur la féminisation de la pauvreté en Iran. Elle dit : “La pauvreté s’est féminisée. Les maux sociaux, le suicide, les fugueuses, la toxicomanie et le nombre croissant de femmes détenues sont quelques-uns des problèmes auxquels nous sommes confrontés.” (Le site Web dustaan.com, 20 juin 2018)
La discrimination sexuelle et le chômage des femmes
Le taux de chômage des femmes diplômées de l’enseignement supérieur s’élève actuellement à 23%, alors que celui des hommes est de 11%. (L’agence de presse Fars – 20 juin 2018). Ces chiffres édulcorés indiquent un marché du travail dominé par les hommes où les femmes qui ont lutté et surmonté divers obstacles pour accéder à l’enseignement supérieur ne récoltent pas le fruit de leurs diplômes universitaires. Elles n’atteignent pas leurs objectifs de carrière et l’indépendance financière qu’elles recherchent.
Les femmes se heurtent à des obstacles particuliers en matière d’emploi dans les secteurs privé et public, où elles sont facilement exclues du fait de leur mariage ou du fait qu’elles ont des enfants. Outre la grave pénurie des opccasions d’emploi pour les femmes dans le secteur public, les hommes ont la priorité sur les femmes dans l’embauche.
Seulement 15% de la population active de l’Iran sont des femmes, dont 20% travaillent sans salaire, alors que les hommes qui travaillent sans salaire ne représentent que 2,4%. De plus, 45 % des femmes iraniennes n’ont aucun revenu. (Le site Web fartaknews.com, 16 juin 2018).
La discrimination institutionnalisée contre l’emploi des femmes et les règles de ségrégation sexuelles sur les lieux de travail sont parmi les raisons les plus importantes de la faible participation des femmes sur le marché du travail iranien.
Augmentation du nombre de femmes chefs de famille
Les dirigeants et les fonctionnaires du gouvernement signalent souvent la discrimination fondée sur le sexe et la pauvreté sans s’y attaquer.
La députée chargée des examens stratégiques à la Direction présidentielle sur les questions de la femme et de la famille a affirmé que “la discrimination et l’inégalité, le manque d’emploi, ainsi que la sécurité sociale des femmes et le chômage, sont considérés comme les trois principaux problèmes des femmes chefs de famille. Par conséquent, les femmes n’ont aucune liberté, aucune liberté de choix et aucun statut social digne. La pauvreté et les privations économiques sont en tête de liste des problèmes des femmes.” (L’agence de presse officielle IRNA – 15 janvier 2017)
Le nombre de femmes chefs de famille augmente en raison de l’explosion du nombre de divorces et de la chute du taux de mariage en Iran. Selon les dernières statistiques, l’Iran compte 3,6 millions de femmes chefs de famille, dont seulement 200.000 sont couvertes par l’Organisation nationale de protection sociale et reçoivent une petite aide mensuelle qui représente moins de 10% du seuil de pauvreté.
Plus de 80% des femmes chefs de famille en Iran ont plus de 50 ans. Avec leurs enfants, ils sont victimes de divers dommages sociaux dus au manque d’argent.
La féminisation de la pauvreté a entraîné divers maux sociaux pour les femmes et les enfants, l’abandon et la vente de leurs enfants et même la prévente des nouveaaux-nés, la vente de leurs organes, l’itinérance et le fait de dormir dans la rue, de mendier et de fouiller les ordures pour trouver des choses à manger ou à vendre, pour ne citer que quelques exemples.
Une femme de 23 ans a annoncé la vente de son rein avec un groupe sanguin O+. Une note sur l’affiche disait : “Pour l’amour de Dieu, ne déchirez pas l’annonce. J’ai vraiment besoin d’argent. S’il vous plaît, comprenez-moi !”