CNRI Femmes – Les porteuses de charges iraniennes (koulbars) dans les régions frontalières des provinces du Kurdistan, du Kermanchah et de l’Azerbaïdjan occidental sont confrontées à une réalité douloureuse dans leur vie à la frontière en s’habillant avec des vêtements de leur mari ou parfois en travaillant à leur place.
Le koulbar (porteur) n’est pas légitimement défini comme un emploi qualifié en Iran, par conséquent une personne qui travaille comme porteur n’a pas de soutien juridique.
Lors de la 23ème assemblée générale du conseil provincial, Halaleh Amini, députée du parlement des mollahs, a révélé la grave situation des porteuses de charge. Elle a déclaré : « Nous devrions pleurer des larmes de sang et il est malheureux de dire que nous sommes confrontés à des filles et des femmes qui doivent se présenter comme un homme ou un garçon pour rejoindre la longue file des porteurs à la frontière ». (Agence de presse Tasnim – 10 octobre 2019)
Voici quelques exemples du grand nombre defemmes chefs de famille qui sont obligées de se tourner vers des travaux pénibles et travailler comme porteuses de charge (Koulbars) :
Amineh, 60 ans, une femme chef de famille d’un village de Kermanchah, dit qu’elle travaille comme porteuse de charge depuis l’âge de 26 ans : « C’était à l’époque où mon mari venait de mourir et où il était très difficile pour moi de nourrir mes quatre enfants. J’étais dans une très mauvaise situation. C’est pourquoi, une fois avec un ami, nous avons acheté 80 litres de diesel et nous sommes partis le porter sur un chemin qui était truffé de mines. »
Une autre femme chef de famille, mère de trois enfants, a expliqué les conditions difficiles auxquelles elle est confrontée en tant que porteuse de charge : « Si nous sommes arrêtées, notre cargaison sera saisie. Chaque fois que je vais et que je reviens, je ne reçois qu’entre 50 et 100 mille tomans (11 à 22 dollars). »
Elle a ajouté : « C’est un cauchemar, quand vous devez payer pour les dommages causés au trafiquant ou au contrebandier. Leur condition est que si vous vous faites arrêter, vous devez payer vous-même la perte, donc vous devez parcourir le chemin plusieurs fois gratuitement pour pouvoir payer la perte. »
« La plupart du temps, nous devons nous cacher dans le froid et le blizzard de l’hiver ou sous le soleil brulant, derrière des rochers pendant de longues heures, de peur des embuscades ou des pièges tendus par les gardiens de la révolution. Beaucoup de trafiquants ne donnent pas leur cargaison aux femmes et si jamais ils le font, ils les paieront moins que les hommes. »
Le métier de porteur de charge (Kulbar) est l’un des plus difficiles sous le régime des mollahs, mais un grand nombre de personnes aux prises avec la pauvreté se tournent inévitablement vers lui.
En juillet 2019, Javaid Rehman, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Iran, a écrit dans son rapport aux Nations Unies sur les Koulbars de l’Iran: « En 2018, selon les informations obtenues, 75 porteurs frontaliers ont été tués et 177 blessés. Parmi eux, 42 ont été victimes de tirs directs des forces de sécurité, et 66 sont tombés des montagnes après avoir été poursuivis par les forces de sécurité. Au total, 14 personnes ont perdu la vie ou leurs jambes dans le froid, et 4 ont été blessées par des explosions de mines. Il a été rapporté qu’au cours des six premiers mois de 2019, au moins 42 porteurs de frontière ont été tués et 74 ont été blessés. »