À l’approche de la Journée internationale des droits de l’homme et des derniers jours des 16 Jours d’activisme contre les violences fondées sur le genre, le podcast du Comité des Femmes du CNRI présente une analyse saisissante de l’escalade des violences étatiques contre les femmes.
La discussion se concentre sur deux crises étroitement liées : une flambée choquante des exécutions, notamment de femmes, et la torture systématique des prisonnières politiques par la négligence médicale.
1. Une crise d’exécutions orchestrée par l’État
- Plus de 1 800 exécutions durant les onze premiers mois de 2025
- 615 pendaisons rien qu’en octobre et novembre
- 57 femmes exécutées, soit une augmentation de 70 % par rapport à l’année précédente
- 32 femmes exécutées en seulement quatre mois (juillet–novembre)
Ces chiffres révèlent une stratégie délibérée du régime pour terroriser la société, en particulier les femmes, qui jouent un rôle de plus en plus central dans la résistance anti-régime.
Exécutions politiques
Les femmes ciblées pour leur opposition politique sont soumises à des simulacres de procès :
- Le cas le plus frappant : Zahra Shahbaz Tabari, 67 ans, condamnée à mort lors d’un procès en ligne de dix minutes, sans avocat, sur la base d’un simple tissu portant le slogan « Femme, Résistance, Liberté » et d’un court enregistrement audio.
Cette répression fait écho aux avertissements du prisonnier politique de longue date Saeed Massouri et s’inscrit dans la rhétorique du régime lui-même, comme lorsque l’agence d’État FARS a qualifié le massacre de 1988 de « dossier brillant ».
Exécutions de femmes issues de milieux marginalisés
La plupart des femmes condamnées à mort sont des victimes de pauvreté et de violence structurelle :
- Marzieh Esmaeili, 39 ans, exécutée pour avoir transporté 600 g de drogue pour l’équivalent de 100 dollars.
- Mina Sadoughi, mère de trois enfants, exécutée avec son mari et privée d’une dernière rencontre avec ses enfants.
Ces cas révèlent un système judiciaire qui punit les plus vulnérables au lieu de s’attaquer aux causes de leur situation.
2. “Exécution blanche” : Torture par négligence médicale
Le podcast analyse ensuite cette forme de violence lente, infligée par le refus de soins médicaux — décrite comme une politique délibérée de l’État.
Cas emblématiques
- Maryam Akbari Monfared : 16 ans de prison, graves problèmes de mobilité ; les médecins demandent chirurgie et physiothérapie quotidienne, mais les autorités bloquent tout transfert à l’hôpital.
- Hoda Mehreganfar : risque aigu de rupture interne dû à une endométriose récidivante ; transfert refusé sur ordre des services de sécurité.
- Shiva Esmaeili, 60 ans : emmenée à l’hôpital mais renvoyée en prison car sa carte bancaire ne contenait pas assez de fonds ; les agents l’ont empêchée de contacter sa famille.
- Fatemeh Ziaii, 68 ans : atteinte d’une sclérose en plaques avancée, libérée sous caution médicale puis ré-arrêtée malgré son incapacité médicale à supporter la détention.
Conditions carcérales inhumaines
En novembre 2025, plus de 60 prisonnières politiques ont été transférées dans :
- une unité souterraine à 40 marches en bas,
- infestée, humide, sans chauffage, sans lits ni installations sanitaires adéquates.
Pour les détenues atteintes de maladies chroniques, ces conditions accélèrent volontairement leur déclin physique.
3. Ce qui doit être fait maintenant
Le Comité des Femmes du CNRI appelle à :
- Une intervention immédiate de l’ONU pour libérer les prisonnières politiques gravement malades, notamment Maryam Akbari Monfared et Fatemeh Ziaii.
- Une mission internationale d’enquête avec un accès direct aux prisons iraniennes et aux prisonnières politiques elles-mêmes.
4. Conclusion
Le temps est devenu une arme de répression :
- Des exécutions rapides — comme des procès de dix minutes — destinées à terroriser.
- Une torture lente — via la négligence médicale — destinée à briser le corps et l’esprit.
Face à cette machine de violence, la résilience exceptionnelle des femmes emprisonnées, qui refusent de se soumettre, continue d’inspirer la résistance.




















