Astevick Davitian était la courageuse fille de Yeprem Khan, le légendaire commandant arménien qui joua un rôle crucial dans la Révolution constitutionnelle iranienne. Alors que le nom de Yeprem reste gravé dans les annales de l’histoire iranienne comme celui d’un chef intrépide et d’un stratège militaire, l’histoire d’Astevick demeure largement méconnue, un symbole puissant du rôle souvent négligé des femmes, en particulier des jeunes filles, dans la lutte pour la liberté.
Élevée dans l’ombre de la révolution, Astevick n’était qu’une adolescente lorsqu’elle prit les armes aux côtés de la milice de son père dans la ville de Rasht. Sa mère, Anahita Davitian, était tout aussi impliquée, aidant à faire passer des armes en contrebande depuis Bakou vers l’Iran et dirigeant l’un des premiers groupes clandestins de femmes engagées pour la cause constitutionnelle.
Anahita Davitian, mère d’Astevick et épouse de Yeprem Khan, fut parmi les premières femmes à jouer un rôle actif dans la lutte contre les emprunts étrangers durant la Révolution constitutionnelle. Elle était une figure de proue des organisations féminines, et une publication britannique la qualifia un jour de « femme la plus active d’Iran », une femme qui, par ses discours enflammés, diffusa les idées anticoloniales parmi les Iraniennes.
Dans le bataillon de 120 hommes de son père, 19 combattants étaient des femmes, Astevick parmi elles, âgée de seulement 13 ans, s’entraînant quotidiennement aux exercices militaires, apprenant la guerre de tranchées et le maniement des armes.
Astevick se souvenait plus tard de ces années troublées, écrivant :
« Je me suis trouvée dans une époque où la guerre et le chaos façonnaient ma routine quotidienne… J’avais entendu les cris de femmes blessées, les avais vues couvertes de sang, mais jamais se replier de la ligne de front. »
Lors d’une bataille particulièrement terrible, 20 constitutionnalistes furent tués et 15 blessés. Parmi les morts figuraient des combattantes, dont deux nommées Azra et Leyla, qui auraient abattu un mitrailleur ennemi avant d’être mortellement touchées.
Son père, Yeprem Khan, né Yeprem Davitian à Gandzak, fut assassiné près de Hamadan en 1912. Sa réputation d’icône révolutionnaire demeure incontestée.
Astevick Davitian fut à la fois soldate, témoin et chroniqueuse de la première génération de femmes révolutionnaires armées d’Iran.
Morgan Shuster, dans son ouvrage The Strangling of Persia, souligna également l’ampleur de ce mouvement féminin, un mouvement qui, après le Coup noir de Reza Khan, fut la cible de la vengeance d’un officier cosaque qui craignait les femmes révolutionnaires plus que tout autre ennemi.
 
			 
    	 
			




















