CNRI Femmes – « Saluons la génération du 20 juin qui a roulé dans son sang mais n’a pas cédé un pouce dans la lutte contre le régime des mollahs, passant d’un champ de bataille à l’autre, d’une salle de torture à l’autre”, a déclaré Massoumeh Malek Mohammadi lors de son discours à la conférence internationale virtuelle à Achraf 3 marquant le 40ème anniversaire du début de la Résistance iranienne.
« Cette génération est passée par les tortures des “unités résidentielles”, de la “tombe”, du “cercueil” et de la “cage”. Elle a traversé les couloirs de la mort et les salles de pendaison collective du massacre de 1988, ainsi que le blocus durant 14 ans d’Achraf et Liberty (en Irak), mais elle n’a pas bougé d’un iota sur ses idéaux. Et aujourd’hui, elle est le point focal de l’espoir de liberté du peuple d’Iran », a-t-elle ajouté.
Massoumeh Malek Mohammadi, 63 ans, secrétaire générale adjointe de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), a découvert l’OMPI/MEK pendant la révolution anti-monarchique de 1979 alors qu’elle était étudiante. C’est à cette époque qu’elle commence ses activités politiques comme sympathisante de l’OMPI/MEK.
Massoumeh Malek Mohammadi a été arrêtée le 20 janvier 1983 et incarcérée à la prison d’Evine où elle a subi de terribles sévices pendant trois ans.
Lors de la manifestation pacifique des partisans de l’OMPI à Téhéran le 20 juin 1981, Massoumeh Malek Mohammadi a été témoin du bain de sang provoqué par les gardiens de la révolution (pasdarans) qui ont ouvert le feu sur la foule d’un demi-million de personnes dans le centre de Téhéran sur ordre de Khomeiny.
Dans son discours à la vidéo-conférence internationale du 20 juin 2020, Massoumeh Malek Mohammadi a fait revivre les moments époustouflants de la naissance de la juste Résistance du peuple iranien.
Elle a également évoqué le courage et l’héroïsme de la jeunesse face à Khomeiny et à ses pasdarans assoiffés de sang lors de cette journée historique qui a déclenché la Résistance nationale, ainsi que l’endurance et la bravoure sans pareilles des femmes de l’OMPI dans les cachots et les salles de torture des mollahs dans les années 1980.
Voici un extrait de son intervention :
Les cris de “la liberté ou la mort” ont brisé le silence
Il est 14h30. J’arrive au carrefour Mossadeq avec quelques professeurs qui m’accompagnent.
Les gens marchent sur la place Ferdoussi et à proximité du carrefour Mossadeq. Certains sont seuls, d’autres sont en groupe de deux personnes ou plus. Certains font la queue devant les magasins. D’autres encore marchent sur le trottoir.
Les gardiens de la révolution ne doivent rien savoir de la manifestation avant le dernier moment. Le régime doit absolument être pris au dépourvu, sinon la manifestation n’aura aucune chance.
Je suis nerveuse et inquiète. Je me demande si l’OMPI sera capable d’organiser cette manifestation de centaines de milliers de personnes.
Le cortège doit démarrer exactement à 16 heures. Les rues sont silencieuses et les mouvements semblent normaux.
Il ne reste que 30 secondes avant 16 heures, lorsque les cris de « la liberté ou la mort » brisent le silence de la répression.
Les participants forment leurs rangs à une vitesse incroyable. Je suis stupéfaite en regardant autour de moi. Tout le monde scande des slogans et nous marchons vers l’avenue Ferdowsi.
Nous marchons très vite. La foule gonfle de plus en plus. Je regarde autour de moi et je vois des jeunes hommes et des jeunes femmes qui crient : « La liberté ou la mort ! Vive la liberté ! »
Quelques minutes plus tard, des tirs d’armes à feu des gardiens de la révolution déchirent l’air retentissent.
Ils ouvrent le feu et attaquent la foule à coups de machettes. Certains participants sont blessés et gisent sur le sol couvert de sang.
Les manifestants se dispersent rapidement afin de pouvoir se rassembler et former à nouveau la manifestation. Les magasins et les maisons ouvrent leurs portes. Les gens ouvrent leurs bras.
Dès que les gardiens de la révolution tentent de poursuivre la foule dispersée, nous nous rassemblons à nouveau et recommençons à lancer des slogans.
Les échauffourées se poursuivent jusqu’à 20 heures. On peut entendre crier “la mort ou la liberté” dans tout le centre de Téhéran.
La paix post-révolutionnaire est criblée de balles
Les gardiens de la révolution ont ouvert le feu sans discernement. Ils arrêtent à tour de bras, même des blessés.
La cohérence et la discipline de l’OMPI et ses communications sur place sont franchement étonnantes. Chaque mouvement se fait rapidement mais avec vigilance.
Ce jour-là, le régime clérical a réprimé la manifestation pacifique de 500 000 personnes à Téhéran.
Les exécutions de jeunes, hommes et femmes, et d’adolescents commencent précipitamment dans la nuit.
Avec la répression sanglante du 20 juin 1981, Khomeiny a mis fin à l’ère d’opposition pacifique qui avait commencé immédiatement après la révolution de 1979.
Le lendemain, le peuple iranien entame sa juste Résistance pour la paix et la liberté.
L’épopée des femmes dans les prisons du régime
Comme je l’ai mentionné, la génération du 20 juin 1981 est passée par les cachots et les salles de torture.
Comme des dizaines de milliers de membres et de sympathisants de l’OMPI, j’ai passé le début des années 1980 en prison. On connait dans une certaine mesure les crimes inhumains commis par les hommes de main de Khomeiny par le biais de récits de prisonniers. Mais on sait peu de choses sur nos sœurs et le courage avec lequel elles ont résisté et enduré les tortures.
Cette résistance épique en 1981 dans les prisons de Khomeiny, les exécutions quotidiennes des membres et sympathisants de l’OMPI par 100, 200, et même 400 certains jours par les pelotons d’exécution, les 30 000 prisonniers politiques qui refusé de renier leurs principes et leur cause et l’ont payé en étant pendus (dont 90% étaient affiliés à l’OMPI), ce sont là les histoires de la génération du 20 juin et du mouvement de résistance qui a débuté ce jour-là.
Comme toute grande œuvre, cette période a été marquée par de foule de difficultés et d’obstacles. Mais plus grande, plus difficile et plus glorieuse a été sa poursuite au fil des ans.
Le secret de l’invincibilité de la Résistance
J’ai été témoin de la barbarie du régime, de ses gardiens de la révolution et des agents du Hezbollah le 20 juin. J’ai été témoin de torture et de meurtres dans les prisons. J’ai été témoin des attaques criminelles du régime contre la cité d’Achraf (le siège de l’OMPI en Irak). J’ai été témoin des attaques à la roquette contre l’OMPI au Camp Liberty.
J’ai vu toutes ces scènes et je les ai ressenties dans ma chair, chaque jour et à chaque instant. Leur sauvagerie et leur cruauté étaient inouïes.
Ce dont je voudrais témoigner ici, c’est qu’il existe un phénomène plus grand, beaucoup plus étonnant, et c’est la résistance à ces sauvageries et à cette répression.
Il n’est pas étonnant que le régime pousse sa sauvagerie inhumaine à ce point pour préserver son pouvoir.
C’est merveilleux d’avoir une Résistance qui s’oppose à un tel régime criminel. Ce qui est formidable, c’est la poursuite de cette Résistance, non pas pendant un an, non pas pendant dix ans, mais pendant plusieurs décennies.
Quel est le secret de cette Résistance ? Quel est le secret de cette endurance et de cette persévérance ? Quel est le secret de l’invincibilité de ce mouvement inflexible ?
Comment est-il possible de payer le prix de cette lutte encore et encore et de ne pas se lasser ?
Comment peut-on résister au régime et aux douze puissances mondiales qui le soutenaient à l’époque d’Achraf et de Liberty, et en sortir triomphant ?
Comment peut-on organiser des unités de résistance dans le système répressif serré qui règnent en Iran et inciter et inspirer des soulèvements ?
Comment peut-on lutter contre les campagnes de diabolisation menées par le régime, son terrorisme, ses tentatives d’infiltrer l’organisation et ses conspirations pour désintégrer le mouvement ?
Nous avons vaincu l’idéologie de l’individualisme égoïste et de la discrimination sexuelle, pour devenir invincibles dans la lutte contre le régime clérical.
Nous avons vaincu l’idéologie misogyne de Khomeiny dans son essence pour pouvoir mettre en œuvre une véritable égalité entre les femmes et les hommes dans la pratique.
Le leadership que nous avons choisi est de ce caractère et de cette même essence pure et libre. Nous avons suivi et respecté ses directives pour devenir un mouvement cohérent et résistant.
C’est le secret de notre résistance. Et heureusement, aujourd’hui, la jeune génération d’Iraniens a découvert ce secret et rejoint toujours plus nombreuse le mouvement de résistance, au point de faire hurler les mollahs devant cette réalité grandissante.
Un jour, notre génération a choisi de lancer une résistance nationale contre le régime des mollahs. Le jour n’est pas loin où la dictature religieuse sera renversée.




















