Dans l’histoire tumultueuse de Tabriz et de la Révolution constitutionnelle, certains noms de femmes, bien que leur bravoure n’ait jamais été pleinement reconnue, restent gravés dans les annales de l’histoire. L’une d’elles était une combattante appelée Telli, qui inspira les légendes locales et les récits oraux d’Azerbaïdjan.
Telli était une jeune femme qui marcha aux côtés des hommes, combattant les ennemis de la liberté. Jusqu’à ce qu’elle soit blessée, personne ne soupçonnait qu’elle était une femme.
Lorsque Telli fut blessée, les infirmières tentèrent de panser ses plaies, mais elle insista pour qu’on la laisse mourir et refusa d’ôter ses vêtements. Finalement, on amena Sattar Khan à son chevet. Là, Telli lui révéla son secret. Le cœur de Sattar Khan trembla et ses yeux se remplirent de larmes : « Ma fille, je suis encore en vie. Pourquoi es-tu allée à la guerre ? » À cet instant, l’identité et le courage de Telli devinrent clairs pour tous.
Telli n’était pas seule. Les femmes de Tabriz pendant le siège de onze mois jouèrent des rôles variés : elles livraient des vivres au front, remplissaient des douilles de poudre et les préparaient comme armes pour les rebelles. Le journal Hab al-Matin rapporta : « Dans une bataille contre les forces du Chah, on trouva les corps de vingt femmes déguisées en hommes. »
Le diplomate américain et observateur de l’époque Morgan Shuster écrivit sur le rôle des femmes :
Les femmes d’Iran, exemples éclatants de compétence et de pureté de cœur, se sont engagées dans de nouvelles idées avec courage et dévouement, s’efforçant de réaliser leurs aspirations.
La chercheuse contemporaine Janet Afary analyse ce combat :
« Pendant le conflit interne à Tabriz (1908–1909), les femmes des villes et des campagnes combattirent aux côtés des hommes. L’Azerbaïdjan et les régions à l’ouest de la mer Caspienne virent des guerrières déguisées en hommes dans les rangs de la résistance. »
Au-delà des combats, les femmes géraient inlassablement l’arrière-front. Elles cousaient des vêtements, préparaient les repas, soignaient les blessés et offraient même leur dot pour financer le mouvement. Dans le quartier de Davechi, les femmes envoyèrent une lettre à Sattar Khan l’exhortant à attaquer les forces oppressives. Ému par leur courage, Sattar Khan lança l’assaut plus tôt que prévu.
Telli et ses camarades combattantes symbolisent ces femmes restées sans nom dans les livres d’histoire mais dont l’esprit de liberté emplit les champs de bataille de Tabriz. Comme le soulignent les historiens et témoins oculaires, le nombre exact de femmes ayant combattu dans les tranchées reste inconnu. Pourtant, sans aucun doute, Telli et les autres femmes furent l’épine dorsale de la Révolution constitutionnelle.
