Soghra Khodadadi, la Bouchère de la prison de Qarchak

Soghra Khodadadi, la Bouchère de la prison de Qarchak

Soghra Khodadadi, la Bouchère de la prison de Qarchak

Sombre bilan de Soghra Khodadadi à la prison de Qarchak : passages à tabac, voile forcé, privation de soins et sanctions internationales

La prison de Qarchak à Varamin, initialement construite comme un élevage de volailles abandonné, est devenue l’un des centres de détention les plus notoires pour les femmes en Iran. La surpopulation, les conditions inhumaines, l’absence de soins médicaux et la violence exercée par les autorités pénitentiaires en ont fait un symbole de la violation systématique des droits des femmes. Au centre de cette machine répressive se trouve Soghra Khodadadi, directrice de la prison, tristement célèbre pour son rôle dans les abus et mauvais traitements infligés aux prisonnières politiques.

Une carrière marquée par la répression

Née en 1971, Soghra Khodadadi a été diplômée en 2017 du Centre de formation appliquée de l’Organisation pénitentiaire iranienne à Ispahan.

En décembre 2020, elle a été nommée directrice de la prison de Qarchak.

Depuis, les rapports faisant état d’une violence accrue contre les détenues — en particulier les prisonnières politiques — se sont multipliés. Elle est connue sous le surnom de « Bouchère de Qarchak » pour son rôle constant dans les répressions brutales.

L’assaut contre la section 8 : la violence institutionnalisée

Quelques jours seulement après sa prise de fonction, les forces de sécurité de Qarchak ont attaqué la section 8 pour transférer de force Golrokh Ebrahimi Iraee à la prison d’Evin.

Des témoins ont rapporté que les gardiens l’ont traînée par les cheveux à travers le sol. Les prisonnières politiques Zahra Safaei, Maryam Ebrahimvand et Forough Taghipour ont été battues durant l’attaque, puis privées de soins médicaux.

Cet épisode violent a marqué le début de l’approche répressive et brutale de Khodadadi envers les détenues.

Le « double hijab » forcé et la discrimination sexiste

Sous la direction de Soghra Khodadadi, les prisonnières politiques ont été contraintes de porter le chador, une règle non prévue par le règlement pénitentiaire et largement perçue comme une mesure supplémentaire d’oppression basée sur le genre. Imposée dès les premières semaines de son mandat, cette politique discriminatoire illustre ses pratiques répressives.

Violation du principe de séparation des prisonnières

Soghra Khodadadi a à plusieurs reprises placé des prisonnières politiques aux côtés de détenues condamnées pour crimes violents, les exposant ainsi à des menaces et des abus. En janvier 2021, Maryam Ebrahimvand a été transférée de force au quartier des mères, où elle a été agressée.

Lorsqu’elle a protesté, les autorités ont riposté en lui supprimant ses droits téléphoniques, l’isolant de sa famille.

Privation systématique de soins médicaux

Les accusations les plus graves contre Soghra Khodadadi concernent la privation systématique de soins médicaux. Zahra Safaei, prisonnière politique atteinte d’une maladie cardiaque, s’est vue refuser à plusieurs reprises un transfert à l’hôpital. Après une crise cardiaque, elle n’a été emmenée à l’hôpital qu’après huit jours de retard, menottée à son lit, privée de soins appropriés, puis renvoyée en prison. Cette cruauté est devenue une marque de fabrique de l’administration Soghra Khodadadi.

Réprobation internationale et sanctions

Le bilan de Soghra Khodadadi n’est pas passé inaperçu à l’étranger. En décembre 2021, le Département du Trésor américain l’a sanctionnée pour avoir ordonné directement des répressions violentes contre des prisonnières, incluant passages à tabac à coups de matraques et usage de décharges électriques. Cette désignation a souligné son rôle central dans la répression des femmes en Iran.

Un symbole de la répression d’État contre les femmes

Aujourd’hui, le nom de Soghra Khodadadi dépasse les murs de la prison de Qarchak. Elle est devenue le symbole de la guerre menée par le régime iranien contre les femmes — incarnant un système qui soumet les prisonnières à des passages à tabac, au voile forcé, à la privation de soins médicaux, au travail forcé et aux abus psychologiques.

Sous sa direction, Qarchak n’a pas changé : la prison a consolidé sa réputation d’« enfer des prisonnières » en Iran.

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